Ch’Lanchron 158
Parution : juillet 2019
Prix de vente : 5,00 €
Directeur de publication : Jacques Dulphy
Rédacteur en chef : Jean-Luc Vigneux
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Le contenu de Ch’Lanchron 158
• Édvant d’écmincher (VIGNEUX Jean-Luc)
• J’ai rchu un boutchet innhui (FONTAINE Edwige)
• Inne vraie wèpe ! (DUQUEF Marie-Madeleine)
• SDF (MANIER Élisabeth)
• Leu maison, d’leu naissance dusqu’à leu mort (DEPOILLY Jacqueline)
• Évneu vir ! (MANCAUX Anne)
• Chés ridieux (WAQUET Micheline)
• M’grand-mére al étouot rcranne ! (SAINT-GERMAIN Denise)
• Chés érèques (DEVISMES France)
• J’ai idée (WAQUET Micheline)
• Ch’treu (LETEMPLE J.)
• Quoé qu’ch’est qu’i n’feut point foaire ! (ROUSSEL Jean-Bernard)
• Marceline éd Douai (VIGNEUX Jean-Luc)
• Oraison pour la crèche (DESBORDES-VALMORE Marceline)
• Du sabe (WIERNICKI Delphine)
• Lo al est grise no bae d’Sonme (MONCOND’HUY Cathy)
• Inspiration d’pleine consciénche (WAQUET Micheline)
• Baie d’Sonme (FOY-FOUNÉ Danielle)
• Du sabe, do’ ieu, du solé (LEFORT Françoise)
• Mérine (DARAS Magrite)
• No Baie (HANOCQUE-LENNE Janine)
• Chl’arméno à Fifine éd Niheut
• Tchu pi cmise (GOFFINONT Marcelle)
• Din ch’gardin d’chés piots (LABRO Nicole)
• Matchèe d’picard (AUGER Julie)
• Flexitarienne (ROUARD Christiane)
• Lafleur 2018-2019 (FOY-FOUNÉ Danielle)
• Chés chinoérs (WAQUET Micheline)
• Cmint qu’o peut vnir sage aveuc un beudet (FONTAINE Edwige)
• Ch’Noé d’éch tchien (SOUHAIT Gisèle)
• Qué patienche ! (MANIER Élisabeth)
• L’rouchi, ch’est sin pèrlage matérnél (JONAS Joëlle)
• Est bien miu achteure (DEVISMES France)
• Chés carottes (FOY-FOUNÉ Danielle)
• Salade éd lanchrons (DUHAYON Serge)
• Wassingue (VIGNEUX Jean-Luc)
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Il était temps ! 40 ans l’an prochain et jamais un numéro de Ch’Lanchron n’avait été entièrement consacré à l’écriture féminine du picard. Non point que Gadrouille et les rédacteurs du trimestriel picard aient négligé la gent féminine picarde. Du tout ! Et au contraire : le premier texte de la première page du premier numéro était signé d’Anne Manier-Mancaux… écrivaine picardisantes de Saint-Valery/Somme. À la suite, aucun des 157 précédents numéros n’a omis de présenter des textes de Picardisantes. La littérature picarde possède de belles, de très belles signatures, d’autrices picardes. Comment s’en priver ? Pourquoi les priver de lecteurs, et de lectrices ?
Comment aussi les mieux faire valoir toutes qu’en leur réservant un numéro de Ch’Lanchron ? Un numéro bonifié, amélioré, augmenté de la moitié de ses pages, passant de 16 à 24… Le numéro de cet été 2019, par exemple !
Il était temps ! 40 ans l’an prochain et jamais un numéro de Ch’Lanchron n’avait été entièrement consacré à l’écriture féminine du picard. Elles ne sont pas moins d’une bonne vingtaine, ces Picardisantes d’aujourd’hui ou d’hier. Voici Gisèle, Edwige, Micheline, France, Janine, Jacqueline, Cathy, Françoise, Christiane… Et encore Denise, Danielle, Nicole, Anne, Marcelle, Marie-Madeleine, Julie, Delphine, Élisabeth… Mais aussi Magritte, Renée, Joëlle, Marceline, Fonsine, Chol Molle, Chol Dure, Niflette, Dédéle, Fifine, Berthe, Béatrice, Jeanine, Mauricette, Michèle, Rose-Marie, Josette, Annie, Blanche-Marie… Et nous en oublions probablement. Elles sont toutes là ! Ce Ch’Lanchron 158 leur fait place, pour un ou plusieurs de leurs textes inédits, avec un rappel de leurs publications déjà publiées, avec une mention, un article, ou un clin d’œil amitieux et chaleureux de Gadrouille.
« Évneu vir !… »
Place d’honneur à Anne Mancaux, primée par l’Agence régionale du picard, l’an dernier, lors du concours de littérature picarde 2018. Son dialogue féministe « Évneu vir !… » Bâti autour d’une peinture flamande du XVIème siècle, renvoie à ces harangues entendues sur les marchés populaires ou la répartie rivalise avec la bonhommie. Pièce de fiction qui revendique un propos visionnaire quatre siècles avant les mouvements de libération féministes. À lire à voix haute et à trois personnages, ou mieux : à mettre en scène avec force gouaille et exclamations !
Les lecteurs et lectrices retrouveront avec un grand bonheur la poésie d’Élisabeth Manier (1927-2013). Deux poèmes retrouvés sont insérés en pages 3 et 21. « SDF » (écrit en 2005) et « Qué patienche ! » (écrit en 2003) révèlent l’observation de notre société, que ce soit dans la rue ou par les travers de l’éducation familiale. Le picard riche et imagé d’Élisabeth Manier resplendit dans ces vers vimeusiens.
Une pionnière
Marceline Desbordes-Valmore, poétesse romantique reconnue, était originaire de Douai. Elle a produit quelques rimes dans sa langue natale. Peu connus, souvent tronqués, ils sont rarement repris dans les anthologies régionales. Un article biographique accompagne « Oraison pour la crèche », texte emprunt de nostalgie dont seul le titre n’est pas picard. Mais la trentaine de couplets qui le composent ne manquent pas de vocabulaire, heureusement qu’un précieux lexique nous est livré à l’avenant de la poésie.
Le picard langue maternelle
Réduire l’écriture à la poésie serait outrageusement simpliste. Certes la personnalité féminine exprime avec sensibilité son regard. Mais les textes produits recèlent des qualités que nombre d’auteurs pourraient n envier. Originalité de l’inspiration, qualité de la langue et de son expression, pertinence du propos… voilà le climat qui plane dans ces 24 pages très picardes.
Elles sont huit écrivaines à avoir répondu à l’appel du jeu VIR. Huit signatures rares dans cette rubrique (nous y lisons plus fréquemment celles d’hommes plutôt que de femmes) qui sont huit voyages en survol de la baie de Somme à marée basse !
Edwige Fontaine revendique « J’ai rchu un boutchet innhui » ; Marie-Madeleine Duquef s’amuse « Inne vraie wèpe ! » Jacqueline Depoilly ou Denise Saint-Germain se souviennent, Micheline Waquet décore et habille « Chés ridieux » ou « Chés chinoérs », France Devismes se moque « Chés érèques » , Marcelle Goffinont ose et éduque « Tchu pi cmise », Nicole Labro transmet « Din ch’gardin d’chés piots », Julie Auger témoigne et remercie « Matchèe d’picard », Danielle Founé milite « Lafleur 2018-2019 » ou bien elle cuisine « Chés carottes », Christiane Rouard déguste en « Flexitarienne », Gisèle Souhait philosophe « Ch’Noé d’éch tchien » à l’image de France Devismes « Est bien miu achteure »… Nul besoin de chercher à convaincre davantage : l’écriture du picard au féminin montre sa diversité, ses talents et prouve son autonomie. Cette collection de textes dans Ch’Lanchron 158 fera date, assurément.
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