Rien moins que deux bandes dessinées originales et un roman sont au programme de ce numéro double de Ch’Lanchron qui arrive à temps pour clore l’année 2009.
En amorce des festivités prévues à Abbeville au printemps prochain, Ch’Lanchron a engagé l’édition d’une série de trois numéros doubles dont le contenu commence à nous être dévoilé avec ce "115-116" qui arrive aujourd’hui. En fait, la revue a choisi de nous offrir l’intégralité des bandes dessinées réalisées par le Mersois Jacques Guignet en collaboration avec le Vimeusien Armel Depoilly.
L’élaboration de ces aventures remonte à la fin des années 1970. Elles étaient alors publiées à la petite semaine dans les hebdomadaires de Friville-Escarbotin (Le Journal du Vimeu, Picardie-Hebdo). Imprimées dans des conditions techniquement imparfaites, ces histoires méritaient qu’un soin plus "moderne" s’attache à leur donner un second souffle. C’est chose faite.
Les quelques 200 épisodes qui sont découpés en cinq aventures distinctes ont été numérisés au cours de l’été dernier. Les dessins originaux n’ayant pas été conservés à l’époque, c’est à partir des tirages de presse que tout le travail à été accompli. Nettoyage une à une des images (il y en a plus d’un millier au total !), remise dans un format homogène, saisie intégrale et correction des textes picards... on imagine quelle méticulosité et précision ont été apportées à ce travail rare dans l’édition en picard.
Toutes ces étapes nous sont racontées dans cet épais numéro, ainsi que la bibliographie de Jacques Guignet, scénariste et dessinateur de la série. Nous sont aussi rappelées ses tentatives de transposer ces BD. en latin (rien moins !) et aussi la proximité, voire la complicité, qu’il avait avec Armel Depoilly, le poète de Dargnies. Faut-il ici rappeler qu’ensemble ils commirent les Contes éd no forni que Ch’Lanchron a réédités ils y a une douzaine d’années ?
Nous allons sans tarder pourvoir lire d’une seule traite et dans d’excellentes conditions de restauration, l’aventure de Wandrille Ratrucheux et aussi suivre l’enquête menée dans Oz a tuè Rudolphe. Ces deux bandes dessinées en noir et blanc ont gardé toute la saveur de leur époque de création. Ne soyons pas surpris de vois surgir au coin d’un dessin la tête de Léon Zitrone ou celle de Jacques Chancel ! Et au passage, ne manquons pas d’observer l’évolution du trait et de la mise en scène réalisés par Jacques Guignet.
Aidée de l’auteur et par sa famille, l’équipe de Ch’Lanchron a aussi découvert un roman resté inachevé. Scénario et illustrations seraient restés en chantier si Jacques Dulphy et Jean-Luc Vigneux ne s’étaient attelés à parfaire ce projet qui remonte aux années 1990. Nous découvrons donc pour la première fois "Chés compagnons d’La Violette"...
C’est l’été dans la jeune station balnéaire de Mers-les-Bains. Nous sommes au cœur de la Belle époque. La famille bourgeoise amiénoise de M. Houdbine rejoint sa villa "La Violette" en front de mer. Des invités prestigieux sont attendus cette année... François Coppée est un habitué des lieux. Mais le maître de maison a aussi invité le célébrissime Jules Verne qui doit arriver par mer sur son voilier le "Saint-Michel II" (ce dessin est repris en couverture du journal). La rencontre promet de belles conversations de salon.
Cependant, les enfants de la maison Houdbine se sont liés d’amitié avec un fils de pêcheur à pied, le jeune Ferdinand. En écoutant la conversation de leurs aînés, ils entendent parler de la bataille de Reichshoffen, de souterrains, et de bastions... André, Monette et Teddy sont prêts à percer tous ces secrets, et naturellement Ferdinand se joint à eux pour les guider dans les rues de Mers à la recherche de preuves ou de témoins. L’aventure commence !
Richement mis en couleurs par Jacques Dulphy (qui a également assuré le fond documentaire du récit), le roman a été rédigé par Jean-Luc Vigneux. Le texte allie l’émotion au suspens. Il nous emporte dans l’univers assez merveilleux d’une jeunesse insouciante et audacieuse, et nous rappelle parfois ces séries de la bibliothèque verte où, jeunes adolescents, nous aimions nous plonger aussi.
Ch’Lanchron annonce la suite des parutions des bandes dessinées (dont certaines entièrement mises en couleurs) dès la livraison de février 2010. Car ce numéro 115-116 est peut-être double, mais il ne restera en kiosque que trois mois. Trimestriel oblige !
Ch’Lanchron nº 115-116 :
12,00 euros le numéro de 84 pages (15,00 euros franco)