Ch’Lanchron 130
Parution : juillet 2013
Prix de vente : 3,50 €
Directeur de publication : Jacques Dulphy
Rédacteur en chef : Jean-Luc Vigneux
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Le contenu de Ch’Lanchron 130
• Édvant d’écmincher (éditorial)
• Ch’contérbandier (poésie de Michel Dominois)
• Ch’toubaque éd freude (poésie de Michel Dominois)
• Sancmise, nouvieu riche (deuxième épisode) (bande dessinée d’André Pierre et Eugène Guilbert)
• Eum ducasse eud cité (souvenirs de Micheline Waquet)
• Éne bréve éd Picardie (histoire, par Roland Dumont)
• Ch’Présidint (bande dessinée en couleurs, par Jean-Bernard Roussel)
• Lette banale (lettre ouverte au directeur du C.R.D.P. d’Amiens, par Jean-Luc Vigneux)
• Chl’éditeu d’éch « picard d’in heut » (chronique littéraire)
• Éch fameux cachieu (chanson recueillie à Sissy au XIXème siècle, Aisne)
• Débérlure à « Chés corps d’état » (correctif)
• Éne bréve éd Picardie (histoire, par Roland Dumont)
• VIR (les réponses reçues au jeu littéraire)
• À vous d’vir, Achteure (nouvelle photographie à commenter)
• Amon lanchron.fr (actualités du site de « Ch’Lanchron »)
• Pour Marie-Lise (traduction poétique en hommage à Marie-Lise Semblat)
• Coér éne méchante nouvelle (nécrologie du Pr Maurice Lebègue)
• Régis (nouvelle de Jean-Luc Vigneux, 1er prix de littérature picarde 2013)
• Ch’est d’leu feute ! (poème d’Edwige Fontaine)
• Chés énèes is pass’t… (bande dessinée de Serdu)
• Rémy ch’Satcheux, ch’gayant (clin d’œil)
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La nouvelle photographie du jeu littéraire
est en ligne sur le site de Ch’Lanchron
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Une route jalonnée de 130 étapes
Inutile de rappeler la naissance de Ch’Lanchron en 1980, le trimestriel « tout en picard » porte allègrement sa bonne trentaine d’années. Et si la forme du journal a changé — récemment encore depuis le numéro 129 — le fond, lui, ne varie pas. Ch’Lanchron c’est du picard du début à la fin, certes, mais du « vrai boin picard », bien vivant, comme nous le rappelle l’éditorial de la une. Gadrouille (la mascotte de Ch’Lanchron) veille au grain, et surveille l’ivraie préparée par un savant fou — le bien nommé Pr Pikar-Arsor, croqué dans le dessin par Jacques Dulphy.
En effet Ch’Lanchron 130 ne déroge pas à sa vocation. Les poèmes de Michel Dominois (val de Nièvre) ouvrent les pages littéraires sur le thème du tabac de fraude, qui a laissé des souvenirs anecdotiques dans la région.
Micheline Waquet a cette fois-ci abandonné son habituel picard du Ponthieu pour s’exprimer dans sa langue de Somain (Hainaut), pour nous remémorer « Eum ducasse eud cité ». Un voyage dans un temps pas si lointain, au moment où la vie de la cité ouvrière battait au rythme de la fête annuelle, une des célèbres ducasses du Nord. Ce texte précède une bande dessinée pleine page signée de Jean-Bernard Roussel. Mérgrite (la vache) interroge Ugéne (le fermier) sur le rôle « ch’Présidint » … Le bestiaire picard est mis à profit dans un dialogue teinté de surréalisme sur fond d’actualité.
Lettre ouverte pour le picard
La chronique littéraire ouvre ses colonnes à une letre qui a été adressée au directeur du CRDP d’Amiens. La récente publication d’un ouvrage consacré à la capitale régionale ne laisse pas de décevoir, tant la place réservée au picard est faible, alors que la préparation de l’ouvrage « Amiens, parcours d’histoire » laissait présager un tout autre sort à la langue régionale. Réduit à la portion congrue, le picard ressemble à un parent pauvre. La diversité et la richesse des auteurs amiénois ne peut, à notre avis, se limiter au seul Édouard David (au demeurant mal servi par une graphie plus que fantaisiste), d’autant qu’une sélection de huit auteurs du XXème siècle avaient été proposée pour illustrer poétiquement l’ouvrage.
Un document sur le picard de l’Aisne
La chanson « Éch fameux cachieu » (le réputé chasseur) qui est présentée en page 7 de Ch’Lanchron 130 a été collectée vers 1890 à Sissy (02) par L. Bonnotte un chercheur américain de l’université John Hopkins. Véritable témoignange linguistique, ce texte (la musique ne nous est pas parvenue) est le reflet d’une réelle vitalité du picard aux confins du Domaine linguistique picard dans le département de l’Aisne.
Six auteurs pour la rubrique « VIR »
Le principe du jeu VIR , s’il est aussi ancien que le Ch’Lanchron lui-même, est bien connu des lecteurs. Chaque trimestre plusieurs d’entre eux s’essaient à l’écriture picarde en adressant qui un poème, qui une historiette. Cette fois-ci, s’est glissé dans la liste des envois, un texte qui subit plusieurs contraintes suplémentaires : celle de la présentation en vers justifiés (tous les vers ont exactement le même nombre de caractères, sans signe de ponctuation), devant rimer tout en parodiant l’histoire du Petit Poucet, sans omettre de répondre au cliché imposé… Une forme de prouesse, que Jean-Luc Vigneux (l’auteur de ces 14 lignes) s’est imposée. L’Oulipo ferait-il un adepte en langue picarde ?
« Régis » : Premier prix de littérature 2013
Depuis 2009, l’Agence pour le picard organise chaque printemps le prix litétraire en langue picarde. Le palmarès est généralement dévoilé lors d’une soirée lecture qui se tient à la Maison Jules-Verne d’Amiens. Cette année, ce prix a distingué un habitué du podium régional. En effet, Jean-Luc Vigneux obtient pour la troisième fois le premier prix avec sa nouvelle « Régis ». Le jury (réuni à Saint-Quentin sous la présidence de Micheline Waquet, lauréate 2012) a par ailleurs accordé le second prix à Pierre Delannoy, le troisième à Jean-Claude Vanfleteren, et le quatrième à Jacques Defolie, trois auteurs confirmés.
Les colonnes de Ch’Lanchron nous donnent à lire « Régis » dans son intégralité. En six chapitres chronologiques, l’auteur nous décrit la dernière soirée de Régis, personnage central de cette fiction. L’homme, cinquantenaire, rentre de sa journée de travail. Les petits désagréments semblent s’accumuler d’heure en heure. Un blessure, une panne de motocyclette, la charcuterie fermée, rien ne va. Jusqu’à cette enveloppe sortie de la boîte aux lettres qui apporte une mystérieuse information, déclenchement d’une remontée de souvenirs angoissants, puis terrifiants. Régis est à bout. Les scènes de folie et de violence vécues antérieurement prennnet une ampleur que la phrase et le vocabulaire picards façonnent avec concision. Le rythme du récit devient haletant. Le style de la narration glisse des pensées intérieures du malheureux héros jusqu’aux fades réflexions du voisinage, qui découvrira au petit matin l’ampleur du désastre d’une dernière nuit. Le parcours de « Régis » a ému le jury du prix littéraire en avril dernier, comme elle saisit maintenant les lecteurs de Ch’Lanchron au fil de quatre pages denses et poignantes.
Avant de refermer ce numéro d’été, écoutons encore les échos du printemps 2013 qui fut pluvieux et relativement froid, est-il nécessaire de le rappeler ? C’est Edwige Fontaine (de Nibas) qui lance l’accusation : « Ch’est d’leu feute ! » en invectivant les trois Saints de glace, Servais, Mamert et Pancrace. Qu’ils soient démentis, désormais, au moins jusqu’à l’automne prochain. Viendra alors le numéro 131 de Ch’Lanchron que nous lirons au rados (à l’abri), si besoin !
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