Ch’Lanchron 131
Parution : octobre 2013
Prix de vente : 3,50 €
Directeur de publication : Jacques Dulphy
Rédacteur en chef : Jean-Luc Vigneux
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Le contenu de Ch’Lanchron 131
• Édvant d’écmincher (éditorial)
• Ch’mur éd Bérlin (article et chanson, par Sylvère Martin)
• Sancmise, nouvieu riche (troisième épisode) (bande dessinée d’André Pierre et Eugène Guilbert)
• Ch’portrait (nouvelle de Jean Leclercq)
• Un éduqué (histoire en rimes, par Louis Seurvat)
• Voéyage aveuc éne vaque (bande dessinée en couleurs, par Jean-Bernard Roussel)
• J’ai foait un reuve (article, par Jean-Luc Vigneux)
• Échl « émulation » picarde (annonce de rendez-vous picard)
• Ch’coéchon — Chu cygne (poèmes traduits de Jules Renard, par Élisabeth Manier)
• Él jour qu’Albert Jacquard il o cantè in picard !… (hommage, par Jean-Luc Vigneux)
• VIR : Afolè… mais fiér — Moai 68 — Joseph — Qué viu abe braillou ! — Chol plouse a n’o l’droét d’érien (les 5 réponses reçues au jeu littéraire)
• À vous d’vir, Achteure (nouvelle photographie à commenter)
• Inne histoére ed tchien (souvenir anecdotique de Daniel Cotrel)
• O n-o interré l’vièle école (humeur, par Jean-Paul Champion)
• N’oublie point tes dvoérs ! (histoire de Batisse Londo, par Damase Buteux)
• Y n’feut point confondre (histoire de Batisse Londo, par Damase Buteux)
• Batisse Londo (article, par Jean-Luc Vigneux)
• Liries (chronique littéraire, par Jacques Dulphy)
• Jules Verne in picard (article)
• Troés bréves éd Picardie (histoires, par Roland Dumont)
• Ch’Dur i rinte du Crotoé (dessin de presse, par Jean-Bernard Roussel)
• À vir din ch’Pas d’Calais (clins d’œil)
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La nouvelle photographie du jeu littéraire
est en ligne sur le site de Ch’Lanchron
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Entendre du picard « à l’écapèe…»
Une promenade dominicale a conduit Gadrouille, l’éditorialiste de Ch’Lanchron, dans les rues de Oisemont (80) l’été dernier. Un vide grenier — que l’on appelle désormais une « rédrie » en Picardie — y était organisé. Et Gadrouille en a ramené une foison d’expressions et de conversations toutes plus picardes les unes que les autres. Ses emplettes ne furent pas dispendieuses, mais sa glane de mots picards montre combien la langue est spontanément présente et vivante dans le Vimeu, comme elle l’est tout autant ailleurs en Picardie linguistique. Cet article d’introduction à la liveaison automnale de Ch’Lanchron est également une opportunité pour annoncer la prochaine édition par la revue d’un livre (à paraître au mois de novembre) sous le tire « Chés diminches ». Nous n’en saurons pas davantage pour l’heure. L’éditorialiste a voulu nous mettre l’eau à la bouche !
Un lot de surprises dans Ch’Lanchron n° 131
Le trimestriel ouvre ses colonnes littéraires en offrant la page 2 à un nouveau venu, Sylvère éd Nouvieu-in-Pontiu. Le pseudonyme dissimule Sylvère Martin, originaire du chef-lieu de canton du Ponthieu, qui relate ici un souvenir vécu durant son service militaire, effectué en Allemagne, vers 1970. La citadelle de Spandau où il était affecté avait la garde de Rudolf Hess. Les puissances occupantes se relayaient pour la surveillance. Les lieux communs devenant des supports d’expression inattendus. C’est ainsi que Sylvère a retranscrit ce qu’il ne vit là qu’une seule fois : une chanson d’amour écrite en dépit du Mur de Berlin. L’exercice fugace, car bientôt effacé par les autorités, est devenu réalité une vingtaine d’années plus tard. C’est maintenant devenu un doux poème picard… « Si os passez pèr lo, tout près d’cho frontiére, én vos étonnez pos, din l’nuit d’hivér…»
Jean Leclerc, le romancier nouvelliste du picard
Adepte de l’écriture longue en picard, jean Leclerc (de Buigny-lès-Gamaches, 80), nous propose un récit teinté d’humour et de nostalgie. Au détour d’une brocante, le narrateur de « Ch’portrait » a découvert, entre autres objets d’occasion ou de collection, la photographie toujours bien encadrée de ses propres grands-parents ! La stupéfaction cède bientôt le pas au mystère. Comment ses aïeux sont-ils arrivés sur ce bout de trottoir ? Qui a cédé ce portrait ? Pourquoi. Au fil de quatre pages, nous allons remonter le temps, suivre l’enquête et rencontrer la fille d’une voisine d’une amie de la famille. Il est peu banal de conclure une telle histoire qui se démêle en nouant de nouveaux liens !
Jean-Bernard Roussel, le pastelliste de la BD. picarde
La page 7 de Ch’Lanchron 131 est toute dédiée à l’ami Jean-Bernard Roussel. Cette fois, il place ses personnages favoris, Ugéne (le fermier) et Mérgrite (la vache qui parle) dans les pas de Robert-Louis Stevenson. Mais Mérgrite ne voit pas du tout d’un bon œil l’idée de son maître de lui donner le rôle de Modestine, en vue d’une traversée épique de la Picardie au fil de la rivière Somme.
Le rêve, la poésie, la chanson
Jean-Luc Vigneux (Abbeville) évoque l’idée d’un rêve où tout serait plus picard que picard. Trop picard, peut-être même. Un rêve à prendre au second degré, un rêve teint d’une once d’amertume, entre l’impossible transmission intégrale d’une langue et de sa culture, et l’improbable oubli dont elles semblent cependant faire l’objet.
Élisabeth Manier nous livre deux traductions de simples poèmes animaliers de Jules Renard. La poétesse de Friville-Escarbotin s’est arrêtée devant le vol du Cygne, et sous le regard du Cochon qui « rondit d’panche » dans une pâture.
Ch’Lanchron rend à sa manière, c’est-à-dire en picard, un hommage à Albert Jacquard, disparu en septembre 2013. C’est que l’homme de science, l’humaniste, l’écrivain, avait noué des relations cordiales avec un groupe de musiciens amiénois. Leur amitié a abouti au printemps 2010 à la création d’un spectacle dans lequel Albert Jacquard s’était volontiers prêté à la lecture fredonnée d’un texte en picard ! Vous saurez tous les détails de cette aventure à la page 9 de Ch’Lanchron .
La rubrique « VIR » au féminin
Parmi les cinq participations retenues au jeu VIR, nous avons retenu celles de deux signatures féminines. Chantal Dawson (de Saint-Pol, 62) et Anne Mancaux (Saint-Valery, 80) ont rivalisé (à distance) d’imagination pour interpréter la photographie soumise aux participants. La première crée le néologisme « vivancter » (sur le modèle du picard « défuncter »), et la seconde nous transporte au cœur du parc du château de Versailles, où les arbres laissés abattus par une tempête sont interprétés par l’artiste italien Giuseppe Penone, comme autant d’œuvres d’art moderne.
Qui est « Batisse Londo » ?
Ch’Lanchron découvre (à nouveau) un auteur picard oublié. La signature de Batisse Londo est probablement resté e ignorée des amateurs de textes picards pendant près d’un siècle ; peut-être davantage. Une coupure de presse restait classée dans les archives du journal, quand toute une série de manuscrits lui était transmise par un lecteur assidu. Et voilà une trentaine de contes supplémentaires qui sont portés au crédit de « Batisse Londo ». Le nom, assurément un pseudonyme, a intrigué auparavant René Linguiste, le chercheur disparu en 1989, qui avait retrouvé la trace probable de l’auteur à Gorenflos (80), aux alentours de 1872. Deux contes de Batisse Londo sont donnés à lire dans Ch’Lanchron. L’un sous forme de document d’époque, découpé dans l’hebdomadaire Le petit Doullennais, et l’autre issu des manuscrits porte le numéro 59, ce qui laisse supposer qu’une quarantaine d’autres inédits sont perdus… ou oubliés. Les lecteurs sont invités à apporter toute information utile sur Batisse Londo,
ou plus précisément sur Damase Buteux, puisque tel semble avoir été son nom réel à l’état civil. Fouillez dans vos archives !
Le strabismes de la lecture du picard
La chronique trimestrielle des « Liries » fait l’objet d’un chapeau éditorial. En fait, si les éditions littéraires en picard sont assez nombreuses et régulière, la rédaction de Ch’Lanchron a observé que depuis quelques années, les éditions subventionnées faisaient l’objet d’un solide cahier des charges qui contraint les éditeurs à doubler le nombre des pages de leurs ouvrages : pour recevoir quelque subside régional, ils doivent proposer une version français en regard du texte picard original. la règle semble ne pas connaitre d’exception. Les éditions associatives ou à compte d’auteur y échappant se dispensent par là même de subvention… CQFD. Ch’Lanchron 131, comme toutes ses livraisons antérieures depuis 1980 garde ses principes, quitte à devenir le dernier des résistants à la politique linguistique actuelle : il est tout en picard au fil de ses 16 pages automnales. Comme le sera le prochain numéro à venir en janvier 2014. Et comme le sera aussi le livre que l’association éditera à la fin novembre, sous le tire toujours aussi intriguant « Chés diminches ».
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