Simons et Line Dariel... "Alphonse et Zulma"... Qui ne connaît pas ?
Théâtre ou chansons, sketches radiophoniques, émissions de télévision, etc... les occasions de rencontrer Simons ne furent pas rares durant une cinquantaine d’années, entre 1929 (année de la création de sa première pièce en patois) et 1979. Et encore, est-ce sans compter sur une discographie innombrable, et sur des talents d’artiste complet de Simons ! Simons dessinateur, caricaturiste, reporter... L’enfant du quartier "sud" de Lille avait de multiples talents. Ch’Lanchron a posé son regard sur toutes ces activités pour son numéro de printemps. Dès la couverture, nous avons le goût d’une de ces facettes : celle du peintre. Un tableau inédit est offert au lecteur. La reproduction de "semaine anglaise" nous transporte au cœur d’une courée lilloise, en pleine conversation familiale (en patois, fort probablement).
Un cahier central de douze pages
Tout le "cœur" du journal est consacré à Simons. Avec l’aide de l’association "Toudis Simons" qui œuvre depuis cinq ans à la sauvegarde et la promotion des travaux laissés par Léopold Simons, nous sommes plongés dans la vie d’un fils d’un couvreur et d’une couturière, qui allait bientôt sillonner les planches de toute la région nord de la France. Après ses années de Beaux Arts, puis ses chroniques dans les journaux locaux, ce sera la rencontre avec sa complice Line Dariel qui va déterminer la carrière que nous connaissons. Imaginatif et curieux, les années d’avant-guerre portent déjà Simons vers le succès. Simons est partout, dans la publicité, au cinéma, à la première émission de Télé-Lille, comme dans un rendez-vous hebdomadaire de radio-PTT-Lille. Ce digne fils spirituel de Desrousseaux possède un parler riche et précis qu’il sait mettre à la portée de tout son public.
Deux inédits et une pièce de Simons en prime
Durant les années cinquante, Simons ne joue jamais relâche. Le décès de Line Dariel laisse un vide qui sera comblé par Lise Parsy. Et les tournées reprennent de plus belle. Chaque semaine, toute une région vit au rythme du désormais célèbre "magazine du mineur" pendant douze ans - il est vrai qu’à l’époque, les antennes du Nord comme celles de la Picardie regardaient toutes l’émetteur de Bouvignies -. Ch’Lanchron retrace ces années exceptionnellement productives avec minutie. Les pages du trimestriel nous livrent même deux poèmes inédits ("min gardin" et "min patois") ainsi qu’un manuscrit de sketch ("l’vingt-tros janvier"), et le texte intégral du dialogue "ouvrache de premier mai", véritable pièce catastrophe, un régal du genre ! Toute une foule de renseignements, de détails et d’adresses fourmillent dans ce numéro ou le parler Lillois est tout à son honneur (un lexique fourni a été dressé des termes spécifiques au langage de Simons) et les "chtis" n’ont pas à rougir d’un des maîtres de leur dialecte.
Les autres pages picardes de Ch’Lanchron 56
Ch’Lanchron est, par ailleurs, comme à son habitude empli de textes et poésies picardes, entremaillé d’articles d’actualité. Voulez-vous connaître les lauréats des concours de la Nouvelle Picarde de Saint-Quentin (02), ou de Littérature Picarde de Tournai (Belgique) ? Ils sont dans Ch’Lanchron. Comme y sont également un conte à structure traditionnelle ("chés marichaux d’él saint-Éloè"), ou encore la légende de la nourrice picarde de Louis XIV qui seule supportait les deux dents du charmant bambin plantées dans sa généreuse poitrine. Le picard nous apprend ici l’histoire de France, par ses aspects cachés aux écoliers.
Voulez-vous essayer les "soles farcies à l’seuce d’hénons" : la recette est dans Ch’Lanchron. Les fidèles lecteurs se reporteront aussi à leurs chroniques traditionnelles : Vir (jeu de création littéraire autour d’une photographie), ou les "liries" : la revue de presse des éditions régionales. Le sommaire de ce numéro copieux du journal, qui vient de fêter ses 14 ans de parution, n’est pas encore épuisé. Nous aurons de quoi nous user "nos zius" au cours des trois mois qui viennent. En attendant la fournée d’août prochain.