L’été picard 2002 arrive à vélo ! Oui, ce sont 44 pages montées sur deux roues qui nous sont proposées dans la dernière livraison trimestrielle de Ch’Lanchron !. Le chemin pavé qui illustre la couverture est un clin d’œil aux professionnels de la petite reine, ceux qui fendent le domaine linguistique picard au printemps entre Compiègne et Roubaix. Mario Dario (de Saint-Saulve, Nord) leur rend hommage dans une poésie intitulée sans ambiguïté "Paris-Roubaix" !
Mais la plupart des cyclistes d’un jour n’arrivent pas à éviter la culbute. C’est le cas dans le récit du voyage d’une brave grand-mère vimeusienne vers la vallée de la Somme. Nous sommes dans l’entre-deux guerres. Un bébé attend la visite de ses aïeux. Il n’est autre que ch’tchot Jean, le futur picardisant Jean Leclercq. Il n’a pas de mal à nous décrire aujourd’hui l’époque de sa naissance, puisque dans sa famille on n’a cessé de raconter les exploits de sa grand-mère sur sa première bicyclette. Les anecdotes sur l’apprentissage sont dans l’esprit picard le plus parfait. La langue de Jean Leclercq nous rend avec saveur les détails de chaque étape. "A n’powouot mie tout in meume temps tnir sin djidon, tnir l’étchilibe, et pi coér pédaleu ! Leu ch’étouot d’trop !" Et puis se fut chl’épreuve éd déchénte". Et enfin, le départ vers la village de L’Étoile. Nous vous laissons découvrir en picard et dans le texte, la "chute" qui ponctue le parcours...
Picard et vélo pour tous les âges
Le doyen des Picardisants, Eugène Chivot (de Buigny-lès-Gamaches, Somme), qui s’est éteint centenaire au printemps 2001, a laissé deux chansons inspirées également par le vélo. Paroles et musiques sont présentées dans Ch’Lanchron !. L’une d’elles a été interprétée par la troupe picarde "Chés Corlus d’Buchu" originaire du Ponthieu. Un reportage nous montre la transmission du langage avec son humour.
Il nous reste encore à évoquer l’entraînement intensif que s’inflige un Amiénois, surnommé par ses voisins "ch’triathlète". Au cœur du quartier Saint-Leu, il pédale sur son engin de fortune, à l’abri des regards, dans sa petite cave. Mais un jor, i nn’o yeu assez d’pédaler conme cho, avuc sin dos à ras de l’voute in briques, et pi sin nez din 1’tchote évnelle de l’cafe". Et André Thierry, l’auteur de cette nouvelle, nous rapporte comment le triathlète d’occasion devait s’illustrer quand le jour de la compétition fut arrivé.
Picard de Belgique et picard de la Somme
Bien d’autres auteurs abordent le thème des équilibres plus ou moins stables. vous retrouverez parmi eux Raymond Coudert, l’Artésien ; Norbert Bardoux, du Vimeu ; Maurice Thiéry, du Vermandois. Mais ce numéro 87 de Ch’Lanchron fait place également à d’autres types d’expressions tout aussi picardes.
Sont à l’honneur les Belges venus du de ce coin de Hainaut - le Tournaisis - où le picard est la langue du pays. Dans"èl supérétte", Paul André évoque la gloire puis la décrépitude d’un commerce "de proximité". Bruno Delmotte se place dans l’actualité de la monnaie commune avec "quate meos qu’on est ddin". Et Pascal Van Moer chante une dernière fois "l’afant", avant de nous tirer son ultime révérence ; ensuite l’article Adè Peos d’chuque !" nous apprend son décès récent en lui rendant hommage.
Voici le tour des picardisants de la Basse-Picardie. Éric Vigneux(Nouvion en Ponthieu) nous plonge dans une histoire assez surréaliste où les lapins semblent ressusciter, et "Ni vu ni connu, j’t’imbrouille", comme par magie choses et bêtes semblent rentrer en bon ordre. Robert Leymarie se souvient de sa jeunesse quand il était "éch souffleu d’orgue" à Quend (Marquenterre), alors placé aux premières loges pour observer les allées et venues entre les contreforts de l’église ! Marie-Madeleine Duquef (Amiens) écoute le miracle "éd chés roses éd Monsieu l’tchurè". Alors que Gilles Toulet (Bettencourt-Rivière) surprend une conversation de comptoir : on la devine légèrement aigre-douce dès le titre puisqu’il est question de "cho’v vinaigrette din l’bistouille".
La B.D. en picard
Un nouveau dessinateur apparaît dans l’univers de la bande dessinée picarde. Gilles Doutreligne, qui vient d’éditer son second album d’histoire de "chés carbonniers", offre une planche inédite en page centrale du journal picard. Plaisanterie et raillerie sont au rendez-vous de ces anciens de la mine, où le silicosé côtoie le galibot.
Les fidèles lecteurs ne manqueront pas non plus les rubriques trimestrielles.VIR, le jeu littéraire a reçu les contributions d’une bonne douzaine de plumes, qui joutent autour d’une photographie de jeunes hirondelles. Un nouveau cliché est proposé à votre réflexion.
Plus loin, nous refermons Ch’Lanchron 87 sur une invitation à visiter un des très nombreux sites picards présents sur Internet. La vitalité de la langue régionale passe aussi par les technologies les plus modernes. Le picard se les approprie sans complexe ni difficulté. D’ailleurs nous vous invitons à visiter le site de Ch’Lanchron !, qui fourmille de renseignements, documents, archives, et autres textes picards à lire ou à écouter en ligne.