Le numéro de cet été 2003 de Ch’Lanchron s’ouvre par un hommage appuyé à Jack Lebeuf, auteur de bandes dessinées picardes, qui a disparu au mois de mai dernier. Dessinateur, caricaturiste, scénariste, il fut également le premier des dialoguistes de ses héros. Jacques Croédur est le personnage central de son œuvre. Autour de lui, gravitent Madelon (sa femme), Trinquefort (son ami), Badindjet (son chat) et Jean (son baudet).
La série des aventures de Jacques Croédur commence en 1946 avec des bandes indépendantes publiées à la petite semaine (il y aura 13 histoires dans cette veine). Puis dès 1947, Jack Lebeuf, entouré d’auteurs picardisants confirmés qui signent les dialogues, va réaliser 7 albums de chacun 50 à 130 épisodes ! Plusieurs milliers de dessins sont ainsi à créditer à celui qui demeure le créateur le plus prolixe des auteurs de B.D. originale picarde. Les collaborateurs de Jack Lebeuf, pour les textes, seront successivement Gilbert Mercher, puis Armel Depoilly.
Chronologie des albums des aventures de Jacques Croédur :
Le grand voéyage de Croédur (50 épisodes, 1947/1948)
Jacques Croédur contre le gorille (64 épisodes, 1948/1949) (repris en 1964 et en 1984)
Jacques Croédur à la bataille de Saucourt (130 épisodes, 1949/1952) (repris en 1966 et en 1986)
Jacques Croédur et le billet de loterie (1952/1953) (repris en 1968/1969)
Jacques Croédur le riche (1953/1955) (repris en 1969/1971)
Jacques Croédur voit du pays (87 épisodes, 1955/1957) (repris en 1972/1974, puis dans l’album Jacques Croédur i voéyage (en 1984)
Jacques Croédur din chu transvimeusien (56 épisodes, 1985/1986)
Albert Siffait de Moncourt éch peinte du Mérquétérre
Le musée Boucher de Perthes d’Abbeville propose une rétrospective de l’œuvre du peintre local Albert Siffait de Moncourt (1858-1931). Ch’Lanchron a saisi cette opportunité pour glisser des reproductions en couleurs de tableaux du peintre du Marquenterre dans ses pages centrales. Celui qui ne cherchait pas à vendre ses toiles et qui esquissait son travail sur des plaques de fibrociment se voit désormais reconnu. Ses cadrages serrés, sa touche vive, et ses sujets originaux (un seuil de porte, par exemple), sont présentés au public jusqu’en novembre prochain. Ch’Lanchron propose une approche dans sa langue de cet enfant du pays.
Ailleurs, Gisèle Souhait (Francières, 80) se remémore avec sensibilité le doyen des Picardisants, Eugène Chivot. La porte de son domicile, à tout jamais refermée, marque la fin d’une époque. Cette vision douloureuse est adoucie par la chaleur des mots picards.
L’humour, teinté de réalisme, prévaut dans le texte de Pierre Barbette :Échz élections d’éch conseil din un tchot poéyi. Rien ne laisse supposer que cette scène dialoguée n’a pas été vécue. Mais, bien entendu elle est présentée comme une pure fiction. Nos villages ne sauraient prétendre à de telles combinaisons pré-électorales, entre un père, ses fils et leurs familles, pour remporter la mairie.
Ch’Dragon vert
Un nouveau reportage de Marc Sellier(ch’maire éd Neuli) relate par le menu la culture et la vente du célèbre tabac brun régional, Ch’Dragon vert. Vous apprendrez à quelle anecdote il doit ce nom bien original, mais aussi et surtout les méthodes et techniques nécessaires à son développement, sans oublier la minutieuse comptabilité dont il a fait l’objet.
Fidèle à l’éclectisme de la revue, Ch’Lanchron 90, vous propose aussi ses chroniques habituelles (jeux littéraires, "clognon", actualité) et deux pages de revue de presse des publications picardes récentes.