Épître et Avertissement
Épître
à Monseigneur
L’archevesque de Paris
p. VII
Un Homme à long mantieux & à bonet cornu,
M’as foes foy casis troter mon cu tout nus
De mon Poyis à Amiens & d’Amiens à Paris,
Non pour être Suisse, mais pour dédier un Écrit :
J’ay mandé ach l’Homme-là, qu’étoit un boen Jésuite,
Pourquoy voulez-vous donc que je m’envoiche si vîte,
Baillemes du moins le temps de prende chouq y me faut,
p. VIII
Y n’st poen juste qej voyche à Paris comme en Geux :
Luy y m’a répondu, ça par boenne amitié,
Partez sans babiller, foetes galoper vos pieds
Quand vous srez arivé dédié ech l’Écrit los
Ach l’Homme qui foes tand bruit, con apele che Prelot,
Alez bien vîte si vous voules el l’atraper,
Car on dit quin sras pas longtans à dequamper,
Dequamper, chet-à-dire pour avoir un capieux,
Qu’il a gaingné à forche de soingner son Troupieux :
Mis j’ay enquoir mandé qument foes-t’on pour dédier,
Y m’a dit, bien men Fiu, écrit sur du papier,
Ment en Latin, ment en Picar, ou bien en Greque,
Et tâche de foere quequose daingne dch grand Archevêque ;
p. IX
Presse ta chervelle, foes-en sortir de l’éloquence,
Car tun feroit rien foere de trop as Neminence,
Mis, Monseingneur, quin fay poen foere des complimens,
Et quin fay poen si vous avez des sentimens,
Jen vœut poen m’exposer à m’ennaler mentir,
Pour avoir seulment le plaisir de vous foere rire :
Je say bien que vous autres Gens Crochés & Mitrés,
Vous êtes comme des Satans, quoir pire que ches Curés,
Chet-à-dire, que quand l’on vous dit con a mentis,
Vous nous cachés dix lieu driere che Paradis,
Ou si vous ne voulés poen nous metes par driere,
Vous nous foetes aller pour mille ans dench Purgatoire,
p. X
Pis quand vous tnés nos Ames dens vos méme Purgatoire,
Diu say combien y coutes d’argent pour les ravoir :
Men Confesseux m’a dit, & ça n’a pas longtemps,
Qos étoites obligé de parler à Satan
Quant il étoit question de bailler soulagment
A ene Ame qos avoite boutée den ches tourmens,
Et que même ça coutoit des somes considérables :
Je n’en doute poen, car je crois que Messieus les Diables
Sons casiment comme vous pour agriper ches biens,
Et sont des Gens quin font jamois rien pour rien :
Mis qui n’ay poen moyen, comme je crois avoir dit,
De foire aquater de ma vie vos Paradis,
Sa sras bein enquoir pire ma foy aund je sray mort,
p. XI
Quaquens diroit ech l’Homme là a heu un grand tort
D’avoir exposé s Name pour une éternité,
En mentant pour cheux quin lavent poen merité ;
Jen parle poen, Monseingneur, à vous en disant chos,
Car je say que vous êtes une nichée de Prelos :
Nennos qui font aler notre Religion à dios,
Nennos deutes étout qu’il font aler à u os ;
vous voyez bien vous-même que jen mesposray poen
A chercher en qmin que vous ne connoissez poen :
Et quand che boen Jésuite sroit là à men prier,
Je lui diroit tout net, ma foy foete vote métier,
Sufit que personne ne peut forcher ma consience,
Et je ne vœut poen me danner par complesence :
Bien boutez-vous am plache, Monseingneur, vous-même,
p. XII
Car ma foy, sans jurer, je peut dire quej vous aime ;
Mentiroites-vous pour foire du plaisir à ches Gens,
Ou bien mentiroites-vous sans avoir de lergent ;
Non, car pour foere mentir en Homme de vot étoffe,
Fouroit ly bailler de l’or gros comme Saint Critoffe :
Et je crois qu’il foudroit qu’on vous fasse ene atrape,
Ou qu’un Diable rusé fasse de vous un boen pape,
Mais c’est asse parlé de Diables & de Démons,
Y faut que j’aille coucher aujourd’huy à Bomons,
Je me sent malade, y faut que je cour vitment
Den en poyis où l’on vend poent ches Sacremens,
Si bien quoy foere ichy, je n’ay plus rien à dire,
p. XIII
Tous les Diables serientes là quin me froites poen mentir ;
Je me contente dont de souhaité qo vneche Homme sage,
Et que nos Diu vos baille la paix dens vot menage,
Et etout comme vous vnez ded illuste famille,
Et que vous êtes le Pere de ches Femmes, de ches Filles,
Je vous souhoite enqoir une grande prosperité ;
Je nen souhoite tout autant à vote posterité ;
Enfin pour finir, je suis sans impertinence,
Le très-humble Serviteur de vote grande Eminence.
Avertissement
p. XV
A Sa parlons daute quose, car y faut qu’en Auteur
Pour vende s Nouvrage fasse un Avis ach Lecteur ;
Bien mon Ouvrage est un Sermon pour tous ches Gens,
Que caquens peut aouir sans qui coute de lergens.
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