Le 108 ème opus picard de Ch’Lanchron arrive en cette fin d’année 2007. Marqué par la saison, il apporte aux amateurs de picard un long dossier sur un auteur tout à fait méconnu : Bernard Warnier. On ne sait que bien peu de choses sur celui qui a publié une petite dizaine de poèmes dans les années de l’entre deux guerres. On le lisait alors dans les journaux de Doullens ou du Marquenterre, alors que lui-même résidait à Paris. Ignoré de la plupart des bibliographies et anthologies régionales, voici que nous avons à lire ici huit poésies réunies par Ch’Lanchron. En fait, ces textes sont souvent construits avec une phrase en ritournelle qui ponctue chaque couplet. Peut-être sont-ils des paroles de chansons dont les airs ne nous sont pas parvenus ? L’inspiration est diverse : le battage au fléau, la ducasse de Rue, la bistouille, Noël... autant de thèmes fréquents dans la littérature locale qui viennent en contrepoint de regards originaux portés sur le travail avec cette "Complainte des travailleurs" ou sur les tâches ingrates dévolues aux femmes ("L’lessiveuse"). Bernard Warnier fait également partie de ces rares Picards dont la voix a été enregistrée juste avant 1940, pour la Phonothèque nationale. Il méritait donc d’être quelque peu sauvé de l’oubli.
Du picard herculéen !
Ch’Lanchron 109 c’est encore bien d’autres pages de lecture picarde. Jean Leclercq (Buigny-lès-Gamaches) nous fait part de ses tracasseries quotidiennes devenues "chés travails d’Hértchule". Ils ne sont que cinq, mais quelles corvées ! On hésiterait à infliger la pire à un ennemi... vaut-il mieux "rabilleu éne poupèe Barbie", "déboucheu éne bouteille éd cite", ou "awoér sin pérmis d’construire" ? Cruelles situations... comiques !
Encore des fables
Marc Sellier (Neuilly le Dien) décrit en rimes l’observation du brame du cerf ; Jean-Louis Crimon chante "min poéyi" ; André Guerville (Feuquières) se débat avec un GPS récalcitrant dans " ém nouvelle quérette " ; Jean-Bernard Roussel (Amiens) livre la planche de B. D. "Ch’pérotchet"... autant de modes d’expression et de regards différents sur notre environnement. Le trait commun est la langue et l’humour qui sont autant picards qu’il est permis qu’ils soient. Mais la fable n’est pas oubliée ! Le numéro 105-106 de ce début d’année 2007 y était entièrement consacré. Jean-Luc Vigneux (Abbeville) propose celle de la chaise et du fauteuil " chol cayelle et pi ch’cadot ". La pauvre cayelle a perdu une patte, et le vieux cadot reste sagement dans sa cheminée. Leur rencontre se fait sous le signe de la solidarité. Pour sa part, Jacques Dulphy décline le même genre avec " Ch’bidet récapè ", où la morale de l’histoire est sans appel : N’t’otchupe janmoé d’éch qu’i n’t’érgardé point !
L’actualité et les rubriques habituelles ponctuent encore les pages de Ch’Lanchron 109. Le jeu Vir, les mots "à l’tcheue leu leu", les contrepèteries de Fifine, la critique littéraire... et quelques surprises muchées ici et là, ce sont 44 pages de beau picard à déguster au coin d’vo fu cet hiver.
Ch’Lanchron nº 108 :
5,00 euros le numéro de 44 pages (6,60 euros franco)