Ch’Lanchron 137
Parution : janvier 2015
Prix de vente : 3,50 €
Ce numéro n’est pas distribué en kiosque ou en librairie. Il a été uniquement servi aux abonnés à Ch’Lanchron (voir les motivations à la fin d’article ci-contre).
Directeur de publication : Jacques Dulphy
Rédacteur en chef : Jean-Luc Vigneux
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Le contenu de Ch’Lanchron 137
• Édvant d’écmincher (éditorial)
• Min grand cousin dé loin (poésie, par Jean-Luc Vigneux)
• Éch chfailler d’la Barre (dessin de presse, par Bernard Sodoyez)
• Un jornal d’images(article, par Jean-Luc Vigneux)
• Jean-Chouo (complainte, par Jacques Dulphy, illustré par l’auteur)
• L’canchon d’Jean-Chouo (article, par Jean-Luc Vigneux)
• C.H.A.R.L.I.E. (acrostiche, par Delphine Wiernicki)
• Ahite ! Foaisez ch’15 ! (dessin de presse, par Serdu)
• Cabu Wolinski Charb Tignous Honoré (dessin de presse, par Jean-Bernard Roussel)
• Os sonme tértous des Charlie (dialogue de ch’Dur et pi ch’Mo, par Jacques Dulphy)
• Ch’brin d’chés bérbussiers (dessin de presse, par Jean-Bernard Roussel)
• Noz idintitè picarde (article, par Jean-Luc Vigneux)
• Is sront tojours lo ! (article, par Gérard Labitte)
• Empire State Building (dessin de presse, par Jacques Dulphy)
• Double page 8 et 9 (dessins de presse, par Jean-Bernard Roussel, Serdu, Bernard Sodoyez, Jacques Dulphy, Jean-Luc Vigneux, Didier Trotereau)
• L’tcheue d’chos seuris (article, par Jean Leclercq, illustré par l’auteur)
• Tchèche lo ?… (dessin de presse, par Serdu)
• Vlo min pieud ! Vlo m’gambe ! (photo-montage, par Didier Trotereau)
• Pi proutt à la fin ! (chronique, par David Lefèbvre)
• Et pi achteure ? (article, par Edwige Fontaine)
• Chés Droéts d’l’Honme et pi du Citoéyin (dessin de presse, par Bernard Sodoyez)
• Ch’treu blanc (fiction, par Jean-Luc Vigneux, illustré par l’auteur)
• Ch’jornal (dessin de presse, par Serdu)
• Brin à tin tchu ! (bande dessinée, par Jean-Bernard Roussel)
• Chl’ « Almano picard » (article, par Jean-Luc Vigneux)
• O n’rit point asseu (article, par André Guerville)
•La Mort ?… Mi ?… (dessin de presse, par Serdu)
• Conjudjaison (poème, par Jean-Luc Vigneux)
•Pan Pan Pan (dessin de presse, par Serdu)
•Existence (article, par Jean-Luc Vigneux)
• Marcel (dessin de presse, par Jacques Dulphy)
• Soin à tin tchu ! (article, par Jean-Luc Vigneux)
• Ch’prophéte (dessin de presse, par Jean-Bernard Roussel)
• Gadrouille (dessin de presse, par Didier Trotereau)
• Chés jornals libes (article, par Jean-Luc Vigneux)
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Pourquoi Ch’Lanchron 137 aujourd’hui ?
Le 136ème numéro de Ch’Lanchron, celui de janvier 2015, était bouclé. Il arrivait sous presse le mercredi 7 au matin. Impossible de « démonter » la maquette pour exprimer toute l’émotion ressentie par la rédaction de Ch’Lanchron à l’annonce des assassinats perpétrés dans les locaux de Charlie Hebdo ce même jour ; juste la possibilité de s’afficher solidaire en épinglant « Os sonme Charlie » à la une du trimestriel picard, en toute dernière minute.
L’équipe éditoriale de Ch’Lanchron ne s’est malgré tout pas estimée en mesure d’attendre trois mois pour exprimer son ressenti. Des souvenirs vieux de près de 40 ans remontaient aux mémoires des fondateurs de Ch’Lanchron. Les illustrateurs habituels de Ch’Lanchron apportaient déjà leurs dessins de presse en réaction aux événements parisiens. Des abonnés, des lecteurs faisaient part de leur attachement à la liberté d’expression, et à la nécessité de dire en picard non seulement l’émotion, mais aussi le fond des valeurs d’impertinence et de tolérance que notre langue régionale véhicule librement, notamment dans les pages de Ch’Lanchron depuis 1980. La décision était prise : la distribution du numéro 136 serait retardée… elle attendrait une dizaine de jours et ce Lanchron de la nouvelle année serait accompagnée d’un numéro « éspécial » que l’équipe se décidait à réaliser en une semaine.
Aux sources de Ch’Lanchron
Deux numéros de Ch’Lanchron sont donc datés de janvier 2015. Le n° 136 et ce numéro 137. En trente-cinq ans, la revue n’a jamais connu une telle proximité de parution entre deux de ses numéros. L’actualité le commandait.
L’éditorial donne la mesure. Gadrouille, la mascotte qui signe l’« édvant d’écmincher », est dessiné posté devant le monument La Barre, à Abbeville. Bouquet de pissenlit (de simples lanchrons picards) en main, un crayon sous l’autre bras, il se recueille devant ce monument élevé à l’émancipation de la pensée humaine. L’heure n’est pas gaie.
Pourtant ce Lanchron 137 n’est pas dénué d’humour et de distance. Une large, très large place, est laissée aux illustrateurs, dessinateurs, créateurs de BD. qui ont tenu à participer à ce numéro. Hommage, chagrin, mais aussi tentatives de repousser sorts maléfiques, volonté de construire le dialogue dans un espace de tolérance et de vivre ensemble.
Le projet de Ch’Lanchron n’est pas, n’a jamais été la satire ou la critique. Mais la liberté de ton, le rire, comme l’impertinence flamboyante de Lafleur, sont dans ses gènes. L’éditorial rappelle comment Ch’Lanchron est issu des journaux de lycéens, ou postérieurs à l’année du bac. Il est né au sortir de l’adolescence de ses créateurs, dans la lignée des petits journaux tirés sur ronéo, distribués au petit bonheur, mais animés d’une bonne dose de convictions, ne serait-ce que celle de vouloir faire vivre un journal indépendant. De grands hebdomadaires donnaient alors le ton. Charlie Hebdo faisait partie des exemples. Rien d’étonnant donc à ce que les pages de Ch’Lanchron aient toujours été amplement illustrées de dessins, BD, ou autres montages photos, qui se sont mariés avec plaisir à l’humour du picard.
Le chevalier de la Barre
Symbole parmi les symboles, le chevalier de La Barre a aussi été un élément de rencontre de l’équipe de Ch’Lanchron. Le jeune homme de 19 ans, qui fut condamné pour ne pas s’être décoiffé devant une procession religieuse à Abbeville en 1765, qui fut torturé et décapité l’année suivante, qui fut accusé de mutilation d’un crucifix, qui fut surpris à lire Voltaire ou encore à entonner des chants de corps de garde… ce Jean-François, chevalier de la Barre était le thème de la première chanson écrite par Jacques Dulphy et mise en musique et chantée par Jean-Luc Vigneux avec les arrangements de Didier Trotereau. C’est autour des éléments de liberté, laïcité, et tolérance que se sont rencontrés les fondateurs de Ch’Lanchron. Inutile depuis lors de poser d’autres repères. Cet esprit libre et rieur s’est développé dans les pages du journal, sur les scènes de spectacles, et en toutes occasions où Ch’Lanchron s’est produit depuis trente-cinq ans. Ces éléments sont rappelés dès la page 2 du numéro 137.
Une double page de dessins de presse
Sans détailler par le menu le contenu de Ch’Lanchron 137, notons aussi les signatures de Jean Leclercq qui s’interroge sur les méfaits d’Internet vis-à-vis de la presse papier ; d’Edwige Fontaine qui évoque la création d’Amnesty Inernational ; de Jacques Dulphy qui déplore le piétinement de la presse dans un dialogue de ch’Dur avec ch’Mo ; de Jean-Luc Vigneux, qui renouvelle son soutien à Salman Rushdie ; d’André Guerville qui plaide pour le rire ; de Gérard Labitte qui salue les victimes des attentats des 7 et 8 janvier.
Chaque page de ce numéro « éspécial » est abondamment illustrée. Les dessins de presse sont signés des amis Serdu, Jean-Bernard Roussel ou Bernard Sodoyez, fidèles complices de la revue. Chacun a spontanément pris ses crayons et a sublimé son émotion en messages brefs — une bulle, parfois deux — portés par un dessin efficace. La double page centrale constitue un réel hommage à Charlie Hebdo, puisqu’elle réunit six dessinateurs autour d’une bonne douzaine de croquis pertinents autant quĠimpertinents. Il souffle un air de liberté volontariste sur cette belle édition de Ch’Lanchron.
Avis aux amateurs de coup de pied aux fesses !
Le numéro 137 de Ch’Lanchron est offert aux abonnés réguliers de la revue. La rédaction assure qu’elle aurait préféré ne pas avoir à réaliser ces pages. Nous ne pouvons en douter. Gadrouille, dans un dernier mot de conclusion, en page 15, avertit les profiteurs ou autres amateurs d’enchères opportunistes, en ces termes « Que celui ou celle qui aura l’intention de revendre son exemplaire plus cher qu’il ne vaut, sur internet ou ailleurs, pour gagner de l’argent avec nos larmes vienne me voir : attention à son matricule, il aura affaire à moi ! » Mais lui le dit en picard, et c’est beaucoup plus savoureux !
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