Ch’Lanchron 139
Parution : juin 2015
Prix de vente : 3,50 €
Directeur de publication : Jacques Dulphy
Rédacteur en chef : Jean-Luc Vigneux
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Le contenu de Ch’Lanchron 139
• Édvant d’écmincher (éditorial)
• Él Parisienne (chanson inédite de Paul Personne)
• Jacqueline et pi Colos (chanson arrageoise de 1813)
• L’terre picarde (chanson inédite de Paul Personne)
• Paul Personne, canteu picard (article)
• Poé tes dettes ! (chants d’oiseaux, Jean-Pierre Calais)
• Canchons d’tchots (chansonnettes, Jean-Pierre Calais)
• Chl’imame éd Camaret (bande dessinée de Jean-Bernard Roussel)
• Chés copains d’abord (Brassens traduit en picard par Jean-Luc Vigneux)
• Brassens in picard (article)
• Des Gauloéseries (dessin humoristique, par Jean-Bernard Roussel)
• Éj m’a foait tout tchot (Brassens traduit en picard par Marc Monsigny)
• Quoé qu’ché nn’est qu’chés Yéyés (chanson des années 1960, anonyme)
• Fin bien vo nouvelle lubrie (dessin humoristique, par Serdu)
• Mariette (nouvelle au rythme du tango, par Jean Leclercq)
• L’flamique à poérions (chanson inédite de Gustave Danicourt et Philéas Lebesgue)
• Preuche d’éne voéx humainne (dessin humoristique, par Serdu)
• Ah ! Nastasie (chanson inédite de Adolphe Decarrière et Fernand Grare)
• Acoutries (article, par Didier Trotereau et Jean-Luc Vigneux)
• Derrière m’carrue (chanson de Michel Ossart)
• Les All’mands à Lille (chanson anonyme lilloise de 1918)
• Ch’étoait in Quatore… (article)
• Jean du Rigollet (chanson traditionnelle)
• L’canchon d’Jean Lariguette (article)
• Min pére vétérinaire (chansonnette par Jean-Luc Vigneux)
• Ch’solel i-a rindez-vous aveuc l’leune (dessin humoristique, par Bernard Sodoyez)
• Rap d’ichi (rap picard, collectif)
• L’gala d’chés rapeus (dessin humoristique, par Bernard Sodoyez)
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La nouvelle photographie du jeu littéraire
est en ligne sur le site de Ch’Lanchron
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Paul Personne compose en picard
Le clin d’œil est facile. Les chansons signées Paul Personne, sont en fait dues à un auteur picardisant jusque là inconnu des registres et autres inventaires d’auteurs picards. Le numéro de l’été 2015 de Ch’Lanchron présente ainsi une bonne douzaine de chansons au fil des seize pages du trimestriel. Toutes inédites ou fort rares.
« Notre » Paul Personne picard est donc originaire de Breilly (80) où il était né en 1891. Son parcours est décrit dès les premières pages de Ch’Lanchron 139. Ses textes restés enfermés dans un cahier manuscrit ont été récemment retrouvés et sauvés par le petit fils de l’auteur. Deux guerres mondiales ne sont pas venues à bout du précieux document familial, et c’est tant mieux.
Retour à Arras au début du XIXème siècle
Commencée le trimestre dernier, la parution des mythiques « canchons d’Arrau » se poursuit à la page 2 de Ch’Lanchron. Nous sommes ici en 1813, la fête bat son plein sur la Grand’ Place, et les colporteurs vendent aux badeaux les couplets à la mode en cet été de processions et de ducace. Goûtons avec Colos et Jacqueline les plaisirs de la fête : les jeux de plein air ne manquent pas. Ju d’raquette, ju d’séau et autres ju d’ojeau animent la ville. Jacqueline porte son bindon, c’est bientôt l’heure du fu d’artifiche. Suivons les ! Ces précieux textes artésiens nous apportent à nouveau un déluge de vocabulaire plus picard que jamais.
Brassens aussi !
Deux mâitres de la chanson picarde, Marc Monsigny et Jean-Luc Vigneux, nous livrent l’un et l’autre une relecture personnelle de chansons de Georges Brassens. le premier nous donne « Éj m’a foait tout tchot », sa version sensible de la poupée de l’ami Georges ; le second est entouré de « Chés copains d’abord » pour un hommage pied à pied et rime à rime au maître sétois. Ces deux versions picardes ont le grand mérite d’être fidèles tant aux textes originaux qu’elles ne trahissent pas, qu’à la langue picarde qu’elle magnifient. Fredonnons avec leurs guitares ces airs connus qui glissent avec autant de limpidité dans notre langue que es enregistrements originaux.
D’un tango devenu nouvelle
Jean Leclercq remonte les années. 1940, 1941… 1942, la présence de l’occupant allemand pèse sur le quotidien des habitants de Bienfay ! Dans l’esprit du mari de l’institutrice du hameau rural germe l’idée de monter une comédie musicale. Elle sera articulée autour d’un tango créé pour l’occaion : « Le tango de Mariette ». Le bénéfice de la soirée sera reversé aux prisonniers de guerre. Revisité quelque soixante-dix ans plus tard, le tango resté en mémoire se mue en une nouvelle picarde grâce à l’habileté de la plume de Jean Leclercq. L’auteur picardisant imagine un drame de la jalousie qui se noue entre les actrices, chacune souhaitant ocuuper le premier rôle auprès du jeune premier. Deux sœurs toisent une rivale venue d’un village voisin. Mais tout ceci n’est que fiction, et dans une formule qui lui est inhabituelle, l’auteur nous propose au choix deux conclusions. Préférerez-vous un drame inconsolable, ou un final triste ? Chacun choisira le rythme de la dernière mesure du tango !
D’Albert à Lille, avec un souffle de pipasso
Ce Lanchron n’en finit pas d’égrener ses airs et ses notes. Voici une œuvre retrouvé venue d’Albert (80). Gustave Danicourt a composé « L’flamique à poérions » en 1904, et nul n’en avait connaissance jusqu’à cette publication dans Ch’Lanchron qui présente parole et musique. À Fieffes-Montrelet (80), Michel Ossart nous emmène derrière sa charrue. Ce poème qui est aussi « canchon d’labour » a été mis en musique en 1924 par l’Isarien Philéas Lebesgue. Ailleurs dans l’Oise, c’est Adolphe Decarrière qui chante « Ah ! Nastasie » avec l’aide musicale de Fernand Grare. Nous voici maintenant à Lille (59), et nous découvrons une chanson anonyme qui remonte aux dernières heures de 1918, alors que la ville vient d’être libérée de son occupation par un régiment prussien, le 39ème hanovrien. Ce texte a été retranscrit à l’époque par deux dames qui ont vécu la longue guerre et le soulagement de la libération. Leur nièce, un siècle plus tard pratiquement, a exhumé des souvenirs familaux ce document qui aurait été perdu sans les sœurs Bornay (originaires de Cassel).
D’autres pépites parsèment les pages de Ch’Lanchron 139, nous ne pouvons toutes les décrire. Une version transmise par la tradition orale de « Jean du Rigollet », une série de chansons de cour d’école, un rap venu de Tournai, une bande dessinée qui chante Chl’imame éd Camaret… le répertoire est vaste. Très vaste. Quittons la livraison estivale en musique, en écoutant le CD de pipasso (ou pipaussac) la cornemuse picarde qui est présenté et analysè par Didier Trotereau. En pensant qu’à l’automne prochain, le festival de pipasso se tiendra à Flixecourt (80) le 27 septembre. Une belle opportunité de danser, chanter et jouer toute in picard !
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