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Le patrimoine linguistique de Picardie
Les « Grands Dossiers de Picardie »

Le mardi 22 octobre 1985, le Conseil Régional de Picardie ouvrait le deuxième « Grand Dossier de Picardie », consacré à la culture.
Dans le cadre de la commission de travail « Patrimoine », « Ch’Lanchron » avait été sollicité pour présenter un exposé sur le patrimoine linguistique.


Cette archive, vous permet de relire l’intervention préparée par Jean-Luc Vigneux, secrétaire de « Ch’Lanchron ». À une époque où il n’était ni question de numérisation des archives sonores ou vidéo, ni encore d’Internet… mais déjà de la valorisaiton des fonds patrimoniaux.
C’est à l’invitation expresse du cabinet du Président du Conseil Régional de Picardie que « Ch’Lanchron » a participé aux ateliers de la commission de travail « Patrimoine » du deuxième Grand Dossier de Picardie, en octobre 1985, et qu’il a été convié à intervenir publiquement sur le thème du « Patrimoine linguistique ».
La presse relaie les informations

Dans son numéro du premier novembre 1985, l’hebdomadaire « Le Journal du Vimeu » sensibilisé de longue date à la cause de la langue picarde, publiait l’intégralité de l’intervention du secrétaire de « Ch’Lanchron » (tel que nous le reprenons dans cette page).
Depuis 1985, bien des acteurs mentionnés dans cette communication sont disparus (que ce soient des auteurs picardisants, des compagnies théâtrales ou d’autres intervenants). De nouveaux promoteurs et des défenseurs du picard, tant à l’écrit qu’à l’oral, sont apparus dans « l’espcae picardisant ». Les techniques d’enregistrement ou de diffusion des informations ont elles aussi beaucoup évolué… Il n’en demeure pas moins que le fond du propos et les objectifs avancés par « Ch’Lanchron » lors de ces travaux liés au patrimoine de la Picardie demeurent aujourd’hui tout autant pertinents, même avec près d’une trentaine d’années d’écart.

Les expériences pionnières qui étaient menées — notamment sur le terrain de l’enseignement primaire et secondaire — ont été peu à peu abandonnées par les pouvoirs publics. Les associations de leur coté, quelques enseignants épars mais très motivés d’autre part ont poursuivi des actions de sensibilisation des élèves au picard. Quelques stages ont pu aussi être proposés aux enseignants (plus souvent issus du second degré), cependant aucune formalisation d’un enseignement du picard n’a pu être menée à bien.
Le dictionnaire nous rappelle que le « patrimoine » c’est ce qui vient de nos parents. La première des choses que reçoit l’enfant, et qu’il gardera avec lui, c’est évidemment la langage. Il le conserve comme une 24ème paire de chromosomes, la moitié venant de son père, l’autre de sa mère. Quand on a été élevé en Picardie, quand on a entendu parler ses parents, ses gins, ses grands-parents, ses téons, cette 24ème paire est picarde. Combien de poètes, d’auteurs patoisants nous l’ont dit : « éch picard os ll’ons chuchè aveuc éch lait d’no mére ! ». Ce patrimoine, ce capital pseudo-génétique, cette mémoire d’ici, c’est le bien de toute une collectivité qui doit être considéré comme un précieux héritage.

La notion de communauté linguistique doit être comprise dans les deux sens, géographique et historique.
Géographiquement, l’existence du « domaine linguistique picard » n’est plus à démontrer. De nombreux travaux scientifiques menés par le Centre d’Études Picardes de l’Université de Picardie, et poursuivant en cela des études antérieures, nous ont tracé des limites assez précises du parler picard. Du sud au nord, on parle picard dans les deux tiers du département de l’Oise, un tiers du département de l’Aisne (Vermandois et Thiérache), toute la Somme, et la frange frontalière de la Seine-Maritime (Aumale, Blangy, Eu, Le Tréport, Criel), mais aussi tout le Pas-de-Calais, 80 % du Nord (sauf les arrondissements de Dunkerque et de Hazebrouck) et encore en Belgique, dans le Tournaisis et le Borinage, soit une région qui va de Comines à Binche, en passant par Mouscron, Tournai, Ath et Mons.
La réalité linguistique se heurte donc à des frontières modernes et diverses qui sont ou politiques, ou administratives et économiques. On ne parle pas picard dans toute la Picardie de programme, et l’on parle picard, par contre, bien au-delà de nos trois départements. On revendique même sa « picardité » avec une certaine conviction quand le picard se trouve parlé au contact d’autres langues, comme le flamand ou le wallon !

Peu importe que l’on parle le « chti », le « rouchi », le « patois », ou bien encore le « picard », qu’on soit de Lille, de Valenciennes, de Tournai ou d’Arras, on parle le picard, o s’édvise in picard aussi bien qu’à Amiens, à Saint-Quentin, à Breteuil ou à Saint-Valery. L’ensemble de ces parlers locaux, « régionaux », est cohérent et ils possèdent les traits linguistiques qui font d’eux une langue à part entière.
Historiquement, cette unité est plus flagrante encore. La publication, par la Maison de la Culture d’Amiens, sous la signature de Jacques Darras, du recueil anthologique « La forêt invisible, au nord de la littérature française : le picard » constitue un document d’importance, une preuve s’il en faut.
Pour ceux et celles qui connaissent la Picardie, ils savent la richesse du parler régional écrit à travers les siècles. Mais combien n’ont pas aujourd’hui conscience de cette quantité d’auteurs qui se sont exprimés en picard depuis le XII ème siècle ?
Une expression multiple, variée, qui n’a cessé de se faire entendre depuis Adam de La Halle et Jean Bodel au Moyen-Âge jusqu’à nos jours. Huit siècles de littérature ! Huit siècles, au moins, qui semblent être en marge de la littérature française. Un capital picard, un plus pour la Picardie assurément.

Le patrimoine linguistique de la Région Picardie constitue une part importante du fonds littéraire picard. Les auteurs d’ici sont légion et Édouard David (Amiens), Charles Dessaint (Doullens), Hector Crinon (Vermandois), Philéas Lebesgue (Oise), Louis Seurvat, Emmanuel Bourgeois (Sud-Amiénois), Gaston Vasseur (Vimeu), etc… n’ont rien à envier à Jules Mousseron (Denain), Géo Libbrecht (Tournai), Jules Watteeuw (Tourcoing), etc… Parmi les auteurs vivants aujourd’hui, la majorité des publications picardes provient de deux pôles : le Tournaisis et le Ponthieu-Vimeu, sans cependant négliger les productions de qualité réalisées ailleurs (Amiens, Valenciennes, …). La Picardie est représentée de fort belle manière sous les plumes de : Armel Depoilly, Eugène Chivot, Charles Lecat, Aimé Savary, Jules Dufrêne, et tous les Picardisants du Ponthieu et du Vimeu, et aussi Alphonse Pasquier (Santerre), Michel Fouquet (Amiens), ou encore parmi les plus jeunes, Jacques Dulphy, Jean-Marie François, etc…

La place de la chanson picarde n’est pas négligeable et nous comptons ici, en Picardie du sud, des auteurs, des compositeurs et des interprètes du picard avec les voix de Patrick Séchet, Marc Monsigny, du groupe « Déjouk ! » et de Jean-Luc Vigneux.
Le théâtre est représenté activement dans d’innombrables troupes de villages, qui multiplient les représentations, et aussi avec l’Indépendante Artistique Amiénoise de Georges Courcol, qui interprète un répertoire assez classique, et la troupe Cassigoutte qui innove chaque année, grâce à Jean-Marie François, et qui a ainsi monté en six années de tournées une quinzaine de pièces, dont dix créations originales.
L’expression picarde passe également par la marionnette avec chés Cabotans. Cette chance de posséder Lafleur, le héros impertinent et populaire d’Amiens, est inestimable. La chance qu’il parle en picard l’est tout autant.
Le milieu scolaire n’est pas exclu de ce mouvement créatif. Rappelons la convention entre les Affaires Culturelles de Picardie et le Rectorat d’Amiens qui a permis à quelque 1800 élèves de la maternelle à la 3ème, dans toute l’académie, de bénéficier d’une sensibilisation à la langue et à la culture picardes. Cette action a été relayée par l’ouverture de sections picardes dans certains collèges, avec des heures de professeur-animateur de picard, et on ne saurait comptabiliser exactement le nombre de « Projets d’Action Éducative » montés à tous les niveaux de l’enseignement qui se sont attachés au parler picard.

Le picard, en Picardie, se vit, se parle quotidiennement. Les techniques nouvelles nous permettent de garder cette expression orale. La radio, la cassette son, la vidéo, la télévision, sont autant de domaines relativement neufs dans lesquels le picard a pris sa place, parfois modeste, mais qui rend la réalité directe, spontanée, de notre parler et de ses accents. Le patrimoine linguistique ne cesse de s’accroître de semaine en semaine !

Quel avenir pour le picard ?

Le picard, ou le fait de le parler, a toujours souffert du rapprochement avec le langage officiel qui est seul supposé pouvoir véhiculer des valeurs esthétiques ou culturelles. Cet aspect est souvent renforcé de l’idée de supériorité du langage de la ville, le « beau langage », par opposition au monde rural qui utilise la langue régionale réduite à l’appellation de « patois » qui prend ici une couleur péjorative et restrictive. Cet état de fait n’est pas propre au picard, mais lui non plus n’y échappe pas.
Nous ne reviendrons pas sur l’origine du picard qui n’est pas une déformation ou un sous-produit du français.
Parler picard, ce n’est pas seulement rigoler, raconter des histoires au goût douteux ou scatologiques. On a aussi, surtout, pleuré, souffert, travaillé, vécu en picard.
Le picard, c’est l’occasion de productions de réelle qualité, une expression, une pensée, une écriture différentes, contemporaines, parfois modernes, souvent nouvelles.

Il est grand temps de créer une prise de conscience, de déculpabiliser les locuteurs de picard, voire même de revaloriser l’image du picard en promouvant des actions originales et de qualité. C’est en gommant les notions de « bas », de « vulgaire » ou d’« impropre », c’est en débloquant les inhibitions, les hontes liées à la langue que l’on pourra faire apprécier, aux Picards eux-mêmes pour commencer, leur parler, cette richesse, et montrer qu’il n’y a pas là matière à handicap mais qu’il s’agit en fait d’un bilinguisme valorisant.

Voici pour conclure quelques propositions qui pourraient ouvrir la voie d’une meilleure connaisssance du patrimoine linguistique.
Dans le domaine des archives, nos bibliothèques picardes sont riches de manuscrits et d’ouvrages en picard. La question semble plus délicate pour les archives sonores et visuelles qui deviennent d’un accès beaucoup plus difficile après leur diffusion sur les ondes radio ou télé. Une solution doit être étudiée pour permettre au public d’accéder à cette part nouvelle du patrimoine linguistique.
L’idée de la création d’une « Maison du picard », qui rassemblerait une documentation et une information les plus complètes possibles, et qui pourrait accueillir, par exemple, un dépôt des publications picardes, maison ouverte aux associations, aux chercheurs et au public, semble être d’une grande utilité. Dotée de moyens techniques, cette maison deviendrait rapidement un lieu de rencontre de première importance et pourrait disposer des renseignements fournis par les bibliothèques régionales, les médias, les éditeurs, les associations.
La poursuite de l’inventaire, et en particulier de l’« Atlas Linguistique Picard », ne peut qu’être encouragée. Après la disparition du professeur Robert Loriot en 1980, ce travail semblait abandonné. Espérons que le C.N.R.S. pourra mener à bien cette tâche prochainement.
Il ne s’agit pas d’enfermer le picard dans des lexiques, des glossaires, des dictionnaires (au demeurant fort utiles) et de constituer alors un herbier, mort, de la langue, mais au contraire, de donner sa vraie dimension au picard, en diffuser ses ouvrages et ainsi, de créer un jardin bien vivant où les boutures, les croisements, ne demandent qu’à croître et enrichir notre patrimoine régional et donc, contribuer à l’ensemble du patrimoine national qui s’enrichira d’une composante différente.

La chance de cette fin du 20ème siècle se situe certainement dans les nouveaux moyens de communication et de diffusion. Le picard n’y a encore trouvé qu’une place timide mais il saura s’adapter et y montrer ses qualités. Il ne serait que de lui faire confiance…
Le picard aujourd’hui est un monde vivant, véhicule d’une culture aux racines séculaires et qui, chaque jour un peu plus, construit le patrimoine de demain, celui que nous laisserons et que nous avons la charge de transmettre à nos enfants.
Le picard toujours vivant

Notre picard nous vient de ces parlers dits « gallo-romans », eux-mêmes issus du latin qui a supplanté les parlers celtiques originaux. Le picard est de cette famille de langues, les langues d’oïl, complémentaire de celle des langues d’oc au sud. Il a grandi, évolué au contact de ses sœurs, là le wallon, ici le normand ou le lorrain. Il est resté durant des générations présent dans le quotidien d’une grande région et fait partie du vécu des gens d’ici.
Transmis de jour en jour, le picard demeure une langue vivante avec son vocabulaire précis, imagé, diversifié, sa syntaxe et sa grammaire (tout picard utilise le subjonctif sans difficulté !) et aussi, ses variations locales qui en font un élément majeur des sentiments que chacun porte à son pays. Par exemple, l’abondant courrier de nos lecteurs que nous recevons à « Ch’Lanchron » témoigne de cet aspect quotidien, affectif et vivant du picard.
Le picard nous est parvenu riche de sa littérature, de ses publications et de toutes ses archives. Riche également de son légendaire et de sa tradition orale. Il s’agit bel et bien d’un patrimoine, d’une mémoire.
Le picard est toujours là, malgré l’ordonnance de Villers-Cotterets (1539) qui interdisait l’usage du latin et des dialectes autres que le français dans tous les actes de la vie publique, malgré deux guerres mondiales, malgré une révolution technologique sans précédent, malgré une condamnation sans appel, hier, à l’école, victime d’une volonté centralisatrice excessive.
Cette langue, le picard, est aujourd’hui une part du patrimoine de ceux qui la parlent et qui la pratiquent.

L'Atlas linguistique picard

Eugène Chivot, président des Picardisants du Ponthieu et du Vimeu ouvre un exemplaire du premier tome de l’« Atlas linguistique picard ».
Nous sommes à l’automne 1989, l’ouvrage vient enfin d’être publié. Il a été offert aux Picardisants par la « Société de Linguistique Picarde » (d’Amiens) à l’initiative de Geoffroy Asselin et Maurice Lebègue (qui fut l’un des artisans acharnés de ce travail minutieux).
Eugène Chivot et Gisèle Souhait
en compagnie de Maurice Lebègue
Archives et réflexions : les autres articles à lire sur lanchron.fr

Depuis 1980, Ch’Lanchron a produit diverses réflexions sur la langue picarde et son expression littéraire contemporaine. Ces travaux ont été rédigés à l’occasion de rencontres entre Picardisants, lors d’interventions auprès de lycéens ou d’étudiants, ou encore pour des communications données dans des colloques universitaires ou lors de journées d’études ou d’échanges. Ils ont pu être publiés ponctuellement dans la presse, mais sont le plus souvent restés inédits.
Nous avons ressorti ces documents de nos cartons d’archives. Nous les livrons à nouveau au public sur lanchron.fr.
Ces différentes informations sont assurément marquées par l’époque où elles ont été réalisées. Malgré une approche parfois partielle ou incomplète, il nous semble que ces textes (qui jalonnent plus de trente années d’activités associatives) éclairent encore l’actualité du picard. Nous soumettons ces « archives » à « votre réflexion ».

Contribution aux « Assises régionales de la recherche et de la technologie en Picardie » (communication d’octobre 1981)
« Chés quate écmins » : conversation avec Paul Mahieu (rencontre en juillet 1982)
Le dialecte aujourd’hui (en collaboration avec la Maison de la Culture de Tournai) (document de 1984)
Que peut attendre le picard de la décision du Conseil des Ministres du 7 août 1985 ? (article de presse d’août 1985)
« Grands Dossiers de Picardie » : le patrimoine linguistique de Picardie (communication d’octobre 1985)
D.R.A.V.I.E.  PICARD : dossier pour le Conseil régional de Picardie (document présenté en novembre 1996)
Existe-t-il une littérature picarde ? (conversation d’avril 1997)
La vitalité du picard (article de 1997)
La langue picarde après un an de présence sur le réseau Internet (intervention au colloque de Marcinelles, septembre 1997)
Y-aurait-il eu un déclin du picard au XIXème siècle ? (entretien réalisé au printemps 2005)
Le picard : « constater, agir, déculpabiliser, transmettre » (communication d’octobre 2006)
La diffusion d’ouvrages en picard : quelle volonté politique ? quelle critique littéraire ? Première partie(16 minutes) Seconde partie (15 minutes) (intervention lors des « Troisièmes journées inter-régionales du picard », Tournai, décembre 2007)

Dernière mise à jour :
04-04-2013
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